Beaucoup de bruit pour rien. Beaucoup de tease pour rien. Beaucoup de fric pour rien. Ah non, puisque je suis certain que DC films va largement rentrer dans ses frais.
Il va falloir s'habituer à ce nouveau modèle économique. Ça semble contenter tout le monde. Les studios de cinéma pourront désormais sortir un film inachevé, fini à la pisse, truffé d'incohérences. Le film se fait descendre. Quelques années plus tard, le réalisateur, ou quelqu'un d'autre, en fera un remake, une mise à jour, une version augmentée. Le consommateur de produits culturels, lui, remet volontiers une pièce dans le bastringue.
Il était légitime que Zack Snyder, qui avait quitté le projet pour enterrer sa fille, ait envie d'offrir SA vision, et pas la vision tronquée de Joss Whedon. Ce Zack Snyder's Justice League est donc le film que ça aurait dû être. Est-ce que c'est meilleur que l'essai de Whedon ? Oui, mais c'était pas compliqué.
J'estime Zack Snyder. C'est un auteur, dans son genre. Il a une patte indéniable. Les ralentis, l'étalonnage numérique dégueulasse, et une iconisation de chaque instant des personnages, c'est tout lui. 300 a été un choc, Batman vs Superman c'est du Shakespeare de chez DC comics (d'ailleurs les dialogues sont largement plus inspirés que dans cette itération), Sucker Punch est somptueux et original, et Watchmen est peut-être le meilleur film de superhéros de tous les temps.
Ici, il prend tout son temps pour développer des personnages. Ça ne fonctionne pas toujours très bien. Flash est un des personnages de superhéros les plus horripilants, à jeu égal avec le dernier Spider-Man (mon dieu comme ils sont cons à bouffer du foin, ces deux-là), Aquaman n'est charismatique que quand il enlève son maillot et qu'il exhibe ses pectoraux, Wonder Woman n'existe que par son statut d’icône féministe lourdingue - « Je n'appartiens à personne, blablabla » -, Cyborg aurait pu être intéressant, mais le côté créature de Frankestein n'est pas assez exploité. Il aurait pourtant suffi de deux ou trois scènes clefs. Même Batman, malgré l'incarnation parfaite de Ben Affleck, ne tire son épingle du jeu que lors de la scène du Knightmare.
Le Knightmare, c'est ce que tout le monde veut voir. C'est ce qui cristallise tous les enjeux du film. Franchement, Steppenwolf, Darkseid et leurs motivations de méchants primaires, on s'en cogne. On veut juste la suite. Le Knightmare, bordel ! Quatre heures de métrage pour en arriver là, et quand le film commence, il est déjà fini... Il faudra se fader quatre heures d'images d'une laideur absolue et des scènes d'action en carton pâte numérique, le tout étalonné par un stagiaire qui souffre de la cataracte. On peut trouver bien des défauts aux productions Marvel, mais elles ne sont jamais laides et baveuses comme c'est le cas ici. J'ai d'ailleurs été largement plus enthousiasmé par le dernier Avengers, même si beaucoup de choses m'avaient agacé. C'est bien mieux écrit, les personnages sont mieux caractérisés, Thanos est un méchant infiniment plus charismatique et tourmenté que Steppenwolf, qui n'est rien qu'un nervi plutôt costaud.
J'enfonce le clou : Les ralentis m'ont gavé. Si tu passes le film en vitesse normale, il doit durer deux heures à tout casser. Si y avait que ça... La sur-utilisation des thèmes musicaux des personnages, on en parle ? La première fois que Wonder Woman apparaît et que son thème à base de riffs de guitare et de chants amazones retentit, c'est classe. La cinquième fois, ça devient juste ridicule.
Bon, à défaut de passer un bon moment, j'ai passé un moment. Gageons qu'une version director's cut sortira bientôt pour corriger tout ça, hein ? Et qu'il faudra encore cracher au bassinet.
Comments