Le règne animal, le film de tous les épithètes. A mon sens, le film français de la décennie. Tous les astres se sont alignés pour faire de cette œuvre un bijou. Ou peut-être est-ce juste une question de talent. Romain Duris est parfait, l'ado qui incarne son fils livre également une belle performance. Ce gamin ira loin. La musique, rarement utilisée, vous tire des larmes chaque fois qu'elle est dégainée. Il semble que le dernier directeur de la photographie en vie sur Terre ait officié sur ce film, car l'image est somptueuse, et les scènes de nuit, chose incroyable, parfaitement LISIBLES. On est loin de l'image monochrome DEGUEULASSE d'un Napoleon doté d'un budget bien plus conséquent. On est loin aussi du vide abyssal du film d'un Ridley Scott en bout de course, qui n'a rien à raconter.
Sur le papier, tout ça avait tout pour être casse-gueule. La plupart des scènes avec des humains animaux auraient dû être ridicules, on frôle d'ailleurs plusieurs fois l'accident, mais non, par le truchement d'une mise en scène pleine de sensibilité, ça passe crème. Les scénaristes ont évité tous les écueils en donnant au film une légère (mais pas trop) forme de conte, en évitant en tous cas les explications vaguement scientifiques sur cette maladie qui transforme certains humains en animaux. Il s'agit probablement de la revisite du mythe du loup-garou la plus intelligente que j'aie vu. Je sais déjà que ce film va faire une empreinte indélébile sur ma mémoire. Chef d'œuvre, voilà.