top of page
Le dressage d'Irina.jpg

Une nouvelle de 18 800 mots.
1995, Pologne, un chasseur blesse une petite fille dans une forêt. Incapable de supporter des vêtements, muette et se déplaçant à quatre pattes, l'enfant sauvage est confiée à un institut psychiatrique de Varsovie. Tout indique qu'elle a été élevée par des loups ou des chiens. Qui est-elle ? Comment s'est-elle ravalée au stade de l'animal ? Désemparé, le médecin chef psychiatre fait appel à un comportementaliste canin aux méthodes peu orthodoxes.

Pavel appuie deux baffes sur son museau, sans prononcer une parole, grognant, bavant et ahanant dans son cou, et Yvanna malgré sa torpeur éthylique comprend qu'il vaut mieux ne pas résister, car elle perçoit la fureur de l'autre. D'un geste, le fauve fait sauter sa braguette et présente son engin tendu, légèrement tordu sur la droite, et l'enfourne dans sa femme avec un bramement ridicule. Yvanna émet un son étouffé, elle criaille, elle sait qu'elle n'est pour lui qu'un trou, un morceau de viande chaud et humide dont il dispose à sa guise, mais Pavel aime quand sa proie se défend, sinon il irait se vider les couilles ailleurs, dans une chaussette ou une de ces prostituées qu'on trouve en ville et se laissent faire n'importe quoi pour quelques zlotys, alors Yvanna bouge un peu, ondule contre le ventre de son mari, ses fesses percutent le pubis masculin, ainsi il viendra plus vite, crachera plus tôt sa semence, et elle pourra se rendormir. Elle ira pisser, évacuer dans les chiottes son sperme dégueulasse, et elle replongera en un rien de temps dans le pays des songes, peuplé de starlettes et d'éphèbes aux sourires éclatants, seul endroit où le bonheur lui est accessible.

Yvanna sent une saccade à l'intérieur de son vagin, une pulsation, et Pavel s'écroule sur elle, souffle dans ses narines empesées, comme s'il éjaculait une seconde fois. Il se retire avec un bruit répugnant de succion, ne prend pas la peine de remiser dans son pantalon sa pine gluante de sécrétions et du solde des menstrues de sa femme. « Allez, viens te coucher », grommelle-t-il en vacillant, et ces mots pourraient passer pour des excuses si ce genre de scène ne se reproduisait pas très souvent.

Yvanna le suit jusque dans la chambre occupée par le lit trois fois plus vieux qu'elle où ses beaux-parents ont conçu la brute qui vient de la violer. Ils se glissent sous l'édredon. Au moins, ils se tiendront chaud. Il n'y a que lorsqu'il fait vraiment froid que l'illusion d'une certaine forme d'affection entre ces deux créatures prend forme.

Elle pose sa tête contre le torse velu de Pavel, d'un doigt elle tricote une mèche de poils. Il n'aurait aucun besoin d'abuser d'elle, pour peu qu'il se montre un peu prévenant. Il a bien réussi à la séduire. C'était un bel homme, il y a quelques années, avant que ses parents ne meurent et que le chagrin le corrompe, en fasse le scélérat qu'il est devenu. Après tout c'est un peu sa faute à elle si elle en est là, elle le savait en se mariant que Pavel avait de l'appétit pour la chair des femmes, et n'est-ce pas le devoir d'une épouse de passer à la casserole régulièrement ?

Ce n'est que quand la chape se remet à peser sur ses paupières que l'image de la gamine lui effleure l'esprit. Elle a une fille... Qu'en a-t-elle fait, déjà ? Elle l'a foutue dehors, ça oui, elle s'en souvient, mais l'a-t-elle fait rentrer ? Il faudrait qu'elle soulève son corps de plomb, qu'elle quitte ce matelas crasseux mais douillet, ce grand échalas tout chaud tout près d'elle, pour aller vérifier, mais elle n'en a pas la force, pas le courage, pas l'envie. Encore moins le besoin.

Bah, après tout, si la chienne survit, alors qu'elle a le même âge que la gamine, pourquoi une nuit à la fraîche nuirait-elle à une enfant de deux ans ?

Cette pensée se dilue dans une délicieuse torpeur. Remettre à plus tard ce qui peut être fait aussitôt est un mode de vie, pour elle. Yvanna ne rouvrira les yeux que plusieurs heures plus tard.

bottom of page