Comment qu'on fait un copier-coller, déjà ?... Ah, CTRL-C, CTRL-V. Bonne année à tous et toutes et une excellente santé, parce que c'est important la santé.
Les formalités effectuées, en voici une autre. Extrait de Le retour du Horla, qui a fait se retourner Maupassant dans sa tombe et lui a provoqué une ultime poussée de syphilis (protégez-vous, restez sur Pornhub).
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Extrait :
30 mai : Je ne sais plus trop quoi écrire. Je tire à la ligne, comme on dit dans l'édition. Il ne se passe tellement rien dans ma vie que je n'ai pas de quoi alimenter un journal intime. Heureusement que personne ne le lira jamais, car il y aurait de quoi assommer le lecteur le plus chevronné.
Aujourd'hui, je n'ai pas vu l'ombre d'un être humain autrement qu'à la télévision. Cette petite boîte est une fenêtre déformante sur le monde, un prisme dont il faut se méfier de l'image qu'il projette. La télévision me procure l'illusion de contribuer à la bonne marche de notre civilisation. Mais je coûte plus à la société que je ne lui rapporte. Un fardeau, en passe de devenir ce que l'on appelle « un cas social ».
31 mai : Les voisins... les futurs voisins ont remis ça cette nuit. Un bataclan de tous les diables. J'ai eu du mal à déterminer d'où cela provenait, mais le temps que je bondisse de mon lit, le tintamarre avait cessé. J'ai enfilé ma robe de chambre et mes chaussons, et je me suis précipitée dehors, en tachycardie, pour tenter de les prendre sur le fait. La bicoque en rénovation était plongée dans le noir, les volets en PVC fermés. Pas un souffle de vent. Pas un bruit, hormis l'aboi d'un chien, au loin.
Suis restée cinq bonnes minutes plantée devant leur maison, sans que rien ne bouge. Je devais avoir l'air d'une folle, dans ma robe de chambre. Se peut-il qu'une bande de gamins s'amuse à me faire tourner en bourrique ? Médit-on de moi dans les commerces de Jarnac ? L'isolement me rend paranoïaque. Il doit bien y avoir une autre explication que la malveillance de mes concitoyens à ce bruit infernal, aussi puissant que soudain. Mais j'habite cette maison depuis dix ans maintenant. Si elle avait été construite sur des cavités souterraines, je l'aurais entendu depuis longtemps, non ?
1 juin : Je ne pense pas être si paranoïaque que cela. Ce matin, je suis allée faire quelques courses (à pied, bien sûr) et j'ai bien senti des regards appuyés sur moi. J'ai surpris une conversation entre deux clients qui, manifestement, portait sur moi, à en juger par la convergence de leurs œillades. Je suis allée vers eux d'un pas décidé et leur ai demandé ce qu'ils disaient sur moi. « Ça ne vous regarde pas, a dit un des deux hommes, un type ventripotent au crâne dégarni, laid comme un ténia.
– Oh, mais si, ça me regarde, à partir du moment où vous vous gaussez de moi, ça me regarde, ai-je répondu.
– Mais Madame, foutez-nous la paix, puisque je vous dis qu'on parle pas de vous. Allez cuver votre vin ailleurs. »
Je n'avais pas encore bu une seule goutte de la journée, alors comment savait-il que j'avais un problème avec la boisson ? C'est bien la preuve ! C'est bien la preuve !
J'ai battu en retraite, et leurs rires m'ont poursuivie jusqu'à ce que je sois sortie du magasin. Je ne mettrai les pieds dans cette grande surface que quand j'y serai vraiment obligée. La compagnie de mes congénères m'est de plus en plus insupportable. Leur vue, leur odeur, les bruits qu'ils font avec leur bouche... m’écœurent.
2 juin : Cette sensation étrange... quand vous avez l'impression que l'on vous observe, que vous vous retournez et qu'effectivement, quelqu'un vous scrute. C'est ce que je ressens en permanence dans cette maison. Il n'y a personne d'autre que moi et un chaton inoffensif. J'ai fouillé la maison, à la recherche de caméras et de micros. Rien. Mais s'il y en a, ils doivent être bien dissimulés. Je dois chercher encore.
La raison pour laquelle ils font tout ça m'échappe. Je ne suis rien. Rien. Rien. Rien.
