Décidément, c'est souvent chez les auteurs qui paraissent les plus sages que je trouve le plus de noirceur. J'espère ne pas faire offense à Didier Betmalle en disant que je le trouve bien meilleur écrivain que chroniqueur littéraire (qu'il ne s'arrête pas pour autant de me passer un petit coup de cirage de temps en temps). Moi qui aime les bouquins écrits avec les tripes, j'ai été servi. Voici une plume bien trempée dans le fiel. Sans mettre de côté son talent de prosateur et des formules d'une originalité et d'une justesse stupéfiante, Betmalle se met à nu sans la moindre pudeur (flinguant par la même occasion la figure maternelle), et règle ses comptes familiaux avec style. J'ignore quelle est la part de fiction et de biographie, mais une oeuvre si personnelle ne peut être totalement fictive. C'est un roman qui semble avoir été écrit par un homme habité par l'amour et la colère. Je ne suis pas assez bien équipé, ou trop mal équipé, pour avoir été bouleversé comme certaines chochottes de mes contacts par ce grand déballage (un terme qui n'est absolument pas péjoratif, ici), mais la scène de l'écharde, par sa violence organique, m'a mis mal à l'aise. Et il en faut. Brillant. Venimeux.
Hasard du calendrier, comme disent les merdeux médias avec leurs formules prêtes à l'emploi, L'écharde est gratuit à partir d'aujourd'hui pour une durée de 4 jours. Ce serait idiot de ne pas en profiter. Mais encore plus idiot de ne pas le lire quand on prétend aimer la belle phrase chantournée. https://www.amazon.fr/L%C3%89CHARDE-DIDIER-BETMALLE-ebook/dp/B082J1JCTQ
