C'est pas si fréquent que des auteurs parlent de style. Du nombre de lecteurs conquis, de l'avis dithyrambique de Micheline qui n'a pas pu lâcher son bouquin avant la fin, de sa dernière séance d'autographe au salon de la Tripe et Thrillers où il a posé au côté de Maxime Chattam, ça oui, mais de style, quasiment jamais... Alors quand vous en avez un dans vos contacts, gardez-le, ils sont précieux. Actuellement, suite à une publication de Bastien Pantalé qui se plaignait d'un usage disproportionné et imbécile de l'usage de la virgule chez les forçats du verbe, je m'astreins à faire la chasse aux virgules superflues dans mes textes, et je dois bien le reconnaître, si je n'y réfléchis pas, j'ai tendance à ne pas les saupoudrer avec le dos de la cuiller. Tu verrais que si on mettait une taxe sur la virgule, on les utiliserait avec un peu plus de parcimonie.
A mon tour de dispenser un conseil en forme de coup de gueule. Je vois un peu trop de scribouillards faire la boulette, et c'est à mon sens une atrocité. Vous écrivez au passé, très bien, c'est louable. Vous ressuscitez l'imparfait du subjonctif, encore très bien, c'est à la mode, même certains auteurs de thrillers médiocres arrivent à s'en dépatouiller. Mais par pitié (et je vois de bons auteurs se laisser aller à commettre cette bourde), quand vous racontez votre histoire au passé simple, ne racontez pas des événements antérieurs à l'action au passé simple. Vous êtes de sinistres enculés si vous continuez à faire ça. L'Espace-Temps en prend un sacré coup chaque fois qu'un auteur écrit quelque chose comme :
"Machin Bidule se coupa une phalange avec son couteau à sushi, un ustensile qu'il acheta deux semaines plus tôt au Ikea."
Ca peut vous sembler correct, il y aura peut-être même des profs de Français qui vous diront que vous êtes dans votre bon droit, mais si vous ne voyez pas pourquoi ça ne l'est pas, vous devriez changer de hobby, faire des maquettes de batailles de la Seconde Guerre Mondiale ou vous mettre au jardinage. Quand on écrit au passé simple et qu'on parle d'un événement passé, antérieur à l'action, on emploie le plus-que-parfait et rien d'autre, et le prix Nobel de littérature me dirait-il autre chose que je l'enverrais se faire souffler dans les bronches par un phtisique.
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