A moins de vivre... en Corée du Nord, justement, tu n'as pu t'empêcher de remarquer que la France toute entière, toujours prompte à s'émouvoir, à s'indigner de loin, devant sa télé, se fâchait du comportement innaceptable de notre Gégé National, notre VRP de luxe qui fait rayonner la culture et la gastronomie française à l'étranger. Oui, comme tous ces acteurs qui racontaient il y a quelques années encore les truculentes anecdotes de tournage en compagnie de Depardieu, ce bon vivant franchouillard, quel déconneur vraiment, il est un peu lourd, mais bon c'est Gérard, tous ses partenaires de tournage, disais-je, qui fustigeaient probablement dans le même temps le sexisme et le racisme sur les réseaux sociaux pour se monter en chantilly et montrer au monde leur grandeur d'âme. Bon, il faudrait être né dans un autre siècle, voire un autre millénaire, pour ne pas trouver qu'on a affaire en Depardieu à un gros porc mâtiné de loup, le genre de type qui n'a honte de rien surtout de lui-même. Je ne vais pas m'apitoyer sur son sort, il a bien mérité le tombereau de merde qui est en train de lui tomber sur la gueule. Qu'on l'en gave comme une des oies dont il se délecte du foie. Mais tout de même, certaines lacunes de raisonnement m'interpellent, à commencer par le reportage dans "Complément d'enquête" qui a signé, vraisemblablement, la fin de sa carrière (alors que tout le monde se foutait des multiples accusations dont il faisait l'objet jusqu'ici).
Les images ont été extraites d'un documentaire réalisé par le sémillant Yann Moix, un type très comme il faut, qui doit mettre de l'animation au réveillon du Nouvel An, je ne vous dis que ça. On y voit Gégé sexualiser, comme on dit, une gamine de dix ans qui fait du cheval, et harceler verbalement des hôtesses et une traductrice. Un comportement de gros porc, on est d'accord, mais il faudrait quand même, quitte à s'indigner, à crier au salopard, se demander ce que ce type allait FOUTRE en Corée du Nord, une dictature sanglante, à l'occasion des 70 ans du parti communiste.
Pas un mot, pas un rappel, il me semble, dans cette émission, ni sur aucun autre média, ni par les pékins qui ont partagé les extraits de ce documentaire, d'ailleurs, des méfaits perpétrés par le gouvernement de ce pays. Un pays naguère ravagé par la famine, eugéniste, où règne la délation, où les droits de l'homme les plus élémentaires sont bafoués, où tous les médias sont à la botte des Kim, qui se torchent avec la liberté d'expression de leurs sujets. Bref, une dictature à peine plus dure que celle de Poutine, avec lequel Gégé le pointu est aussi copain comme cochon. Parce qui se ressemble s'assemble.
A quel moment un être humain respectable et sensé décide-t-il d'aller faire un pélerinage dans une dictature ? Pour la provoc ? Je n'y crois pas. Les provocateurs sont souvent drôles, Depardieu ne l'est pas, il est juste con comme un balai. Pour du fric, alors qu'il en déborde autant que de graisse ? Je n'y crois pas non plus. Ou parce que, comme le dit Anouk Grinberg, victime de l'acteur il y a trente ans, il est complêtement FOU ? C'est en tout cas l'impression qu'il m'a donné. Celle d'un homme ravalé au rang de l'animal, qui prend ce dont il a besoin, qui fait ce que lui commande la partie la plus primitive de son cerveau.