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  • Photo du rédacteurFrédéric Soulier

Carnets Noirs, Stephenounet King

"Cette connerie c'est que des conneries". Pas celle-là, assurément.

Je n'ai pas aimé Mr Mercedes. Je ne sais plus trop ce que je lui ai reproché à l'époque, je me souviens seulement que je n'y avais pas retrouvé la touche du King et que ç'aurait pu être écrit par n'importe quel scénariste de série policière bas de gamme style Les Experts à Saint-Tropez. La tentative du King pour se frotter au polar avait fait long feu. Il s'agit clairement d'une des œuvres mineures du King, avec l'Institut et quelques autres, écrites pour faire tourner la machine à pognon à plein régime.

Tu me diras : "c'est toujours mieux qu'un Chattam ou un Giebel en forme", ce à quoi je répondrai : Farpaitement.

D'entrée de jeu, Carnets Noirs m'a fasciné comme peu de livres savent le faire. L'idée de base est tout bonnement géniale. Non seulement elle permet à l'auteur d'aborder le thème du fan timbré sous un angle différent de celui de Misery, mais aussi de traiter de son profond, sincère et entier amour pour la littérature et du pouvoir que ce hobby peut avoir sur la vie des gens. Pour cela, il utilise un méchant mémorable, vicié et vicieux, mais terriblement attachant. C'est l'homme d'un seul livre, et il faut toujours craindre les hommes d'un seul livre, si vous voyez qu'est-ce que je veux dire.

Je suis toujours autant impressionné par la capacité du King à donner de l'épaisseur à ses personnages et de la consistance aux événements imaginaires qu'il convoque. Cet auteur, John Rothstein, et son oeuvre, que King décrit dans Carnets Noirs, paraissent si authentiques que le lecteur a le sentiment qu'il est allé les piocher dans une sorte de monde parallèle où tout cela a vraiment eu lieu (j'en ai d'ailleurs fait un livre de science-fiction que presque personne n'a pigé, hop, un peu d'autopub ne fait pas de mal).

La première partie du livre pose les enjeux, et tout le talent de SK se livre là, puis commence à se diluer dans une interminable dernière partie : la partie thriller. C'est bien sûr celle qui plaira le plus aux aficionados et à ceux qui ne voient en lui qu'un écrivain de fantastique et de best-sellers et à qui échappent le côté social de l'oeuvre et l'intelligence et le cynisme de l'auteur.

Ca ne m'a pas dérangé que Carnets Noirs fasse référence à des événements survenus dans Mr Mercedes - comme l'origine de la situation difficile des Saubers et les attentats à la voiture bélier. En revanche, je n'ai pas été ravi de revoir des personnages comme Hodges, Jérôme ou Holly qui font partie de ces portraits horripilants que SK brosse parfois. A l'inverse, l'agent de probation de Morris, malgré toutes ses qualités en tant que personnage fort, ne fait que deux pauvres apparitions. L'intrigue se serait contentée de confronter Morris et Pete, ça m'aurait été tout à fait.

C'est trop long, disons-le. En écrémant son bouquin, Stephenounet aurait signé un chef d'oeuvre. En l'état, ce n'est qu'un excellent bouquin. Et c'est déjà beaucoup plus que ce dont sont capables tous ces auteurs de thrillers photocopiés qui n'ont ni son style, ni son talent, ni son univers.


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