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  • Photo du rédacteurFrédéric Soulier

Artères Souterraines, Warren Ellis

"Je t'envoie un bouquin, il est clairement fait pour toi", me dit Odehia Nadaco il y a quelques jours avant de m'extorquer mon adresse. Bon eh bien, elle s'est plantée, ça arrive. Je la remercie de ce beau geste, mais ce bouquin va rejoindre la boite à livres la plus proche (une ancienne cabine téléphonique dans laquelle j'imagine, des gens ont annoncé à d'autres qu'ils avaient une maladie grave, qu'ils allaient se suicider, qu'ils allaient divorcer, oh putain je viens d'avoir une idée de nouvelle, ne me la pique pas s'il te plait).


C'est donc à une histoire de détective privé, une pulp story, que nous avons affaire. Le loser magnifique qui en est le héros est missionné par le chef de cabinet de la maison blanche pour retrouver un livre, une version alternative et paranormale de la constitution américaine. Dès les premières lignes, une impression de déjà vu m'a assailli. Warren Ellis est un scénariste de comics, notamment responsable du cultissime Transmetropolitan. Il fait aussi partie de la longue liste des connards imbus d'eux-mêmes qui sont allés trop loin et qui ont été obligé de se fendre d'excuses publiques après des accusations à leur encontre.


Cette impression de déjà-vu, elle vient de plus grands que lui : Palahniuk, Crews, Fante, Bukowski, et même Stephen King ; toute une palanquée d'auteurs déviants dont Warren Ellis serait l'indigne héritier, le petit bâtard. Tout dans ce roman est grotesque, volontairement caricatural à l'excès, vu à travers un énorme prisme, un verre déformant une Amérique malade. Exactement comme dans un épisode de South Park, oui. Sauf que South Park, en plus de me faire marrer, me fait presque autant, voire plus, gamberger. Ici, tout est prétexte à l'outrance. L'auteur trouve rigolo l'idée que des gens aient un fantasme sexuel sur Godzilla ? Il vous loge ça vite fait mal fait dans l'intrigue, sur deux ou trois pages. Il a lu sur Internet que des gens se faisaient injecter de la solution saline dans les parties intimes pour les faire grossir ? Allez hop, encore trois pages. Il a besoin d'un dénouement ? Il fait rencontrer par hasard le héros et un petit génie de l'informatique, juste avant le final, parce que pourquoi s'emmerder à faire preuve de logique dans cet univers qui en manque cruellement ? Tu m'objecteras, "oui mais tes écrivains chéris, là, Chuck Palaniuk et Harry Crews, leurs oeuvres sont pas spécialement réputées pour leur réalisme !" Ah mais je proteste, je m'indigne, je m'inscris en faux, je vitupère, la folie et l'absurdité que l'on trouve dans les bouquins de ces deux-là est un savant dosage. Warren Ellis a eu la main lourde sur la harissa. Son bouquin est tellement foutraque que ça m'en a chatouillé une sans faire rigoler l'autre. Dans la même veine du polar ultra violent bardé d'une galerie de personnages déjantés, A poil en civil, de Jerry Stahl, lu il y a quelques années, s'en sortait infiniment mieux.


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